Introduction
Résumé
Dans le champ artistique, les pratiques à plusieurs ont suscité ces dernières années de très nombreuses publications en France et à l’étranger. Alors que, dans les années 1990, on pouvait constater une forme d’attirance parfois naïve pour ces pratiques, parées bien souvent de nombreuses vertus, on constate aujourd’hui la présence stimulante d’interprétations plus nuancées de ces entreprises de collaboration et de leurs formes variées (co-création, co-production, coopération, etc.).
La question de l’auctorialité partagée en jazz : l’exemple de Miles Davis
Résumé
Le jazz est une musique métisse. S’y entremêlent ainsi des sources « savantes » et « populaires » issues de différentes régions du monde.
Métissant les cultures, le jazz en métisse aussi, sur le plan technique, les processus de création ainsi que le rapport à l’auctorialité des productions (auctorialité individuelle et exclusive dans la musique « savante » européenne, collective et partagée dans de nombreuses pratiques musicales « populaires » européennes et extra-européennes).
Le modèle d’auctorialité individuelle et exclusive (qui est aussi un modèle de représentation sociale) issu de la culture « savante » européenne s’est imposé au jazz, aussi bien en droit de l’édition que dans l’imaginaire collectif et jusque dans celui des musiciens eux-mêmes, alors que la réalité est bien différente.
Miles Davis représente un archétype de ce problème d’auctorialité. Sa production sur près de cinq décennies met en évidence une typologie diversifiée du travail collaboratif mais son rapport à l’auctorialité dénote une appropriation individuelle exacerbée de la création collective radicalisant en cela une attitude cependant habituelle en jazz.
En observant l’incidence de la création collective pour une même pièce supposée (identifiée par son titre et son « thème »), en replaçant le rapport du jazz à l’auctorialité exclusive dans le paysage social et politique de l’Amérique raciste, on questionnera la raison profonde d’un tel rapport ambivalent au collectif.
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Interpréter et improviser. Regard herméneutique et esthétique sur l'exécution musicale
Résumé
Un texte artistique (littéraire, musical) argumente toujours auprès de son lecteur. Cherchant à convaincre, il s’ouvre comme un horizon au sein duquel se négocie sa compréhension. Celle-ci n’advient qu’au prix d’un dialogue où texte et lecteur doivent consentir une ouverture à l’autre. C’est en grande partie de cette manière que l’herméneutique gadamérienne conçoit l’interprétation. En musique, l’interprétation – qu’il s’agisse de la réception ou de l’exécution de l’œuvre – est aussi de cette nature. Mais lorsque l’ouverture du texte musical se fait trop grande, presque béante, la notion d’interprétation peut avoisiner celle d’improvisation. En quoi et à partir de quel moment interprétation et improvisation se singularisent-elles ? N’est-ce qu’une question de degré d’ouverture du texte musical ? Ou faut-il chercher la réponse ailleurs, par exemple dans l’esthétique particulière que ces deux modalités de l’art musical pourchassent ?
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Du jeu au rite ? Amphion et sa musique au XXe siècle
Résumé
La présente étude situe Amphion, mélodrame de Paul Valéry, au centre d’une réflexion critique sur le statut de l’œuvre d’art à l’âge contemporain. Jeu sur le mythe, mythe sur le jeu réunissant musique, danse et architecture, le paradigme d’un spectacle de rite ou « liturgie » pose d’abord le problème de son échec, en tant que fait incontestable de la réception, avant de conduire à une analyse approfondie de son antonyme, le divertissement. En passant par la question de la fugue chez Arthur Honegger, auteur de la musique d’Amphion, et sans renoncer à frôler cet autre emblème d’une aspiration au « rite » qu’est le Sacre du printemps, nous procédons à quelques hypothèses relatives à la musique et au théâtre du moment 1930, ainsi qu’au rapport entre la « liturgie » artistique et le problème du christianisme, pour revenir à l’unicité du mélodrame valéryen.
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Quand souffler, c’est jouer. Du hoquet musical dans les situations rituelles du quotidien
Résumé
Après avoir souligné que le rite et le jeu sont intrinsèquement liés dans leur contexte sacré, la démarche propose d’aborder cette dichotomie dans sa dimension profane en se focalisant sur une forme musicale particulièrement adaptée à l’articulation du rite et du jeu. Il s’agit du hoquet qui, par sa pratique encore actuelle sur plusieurs continents, tient un rôle majeur dans l’interaction sociale rituelle du quotidien.
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