Dans le champ artistique, les pratiques à plusieurs ont suscité ces dernières années de très nombreuses publications en France et à l’étranger. Alors que, dans les années 1990, on pouvait constater une forme d’attirance parfois naïve pour ces pratiques, parées bien souvent de nombreuses vertus, on constate aujourd’hui la présence stimulante d’interprétations plus nuancées de ces entreprises de collaboration et de leurs formes variées (co-création, co-production, coopération, etc.).
Cet article vise à cerner les différents niveaux de créations qui peuvent être partagés, que ce soit en situation d’atelier de pratique artistique au cinéma ou dans le cadre de la réalisation d’un film documentaire, par les méthodes qu’ils offrent et les interactions qu’ils suscitent, afin de proposer de nouvelles représentations de l’espace public.
Cet article s’interroge sur de nouvelles formes de remploi filmique liées aux pratiques vidéos amateurs et aux logiques de partage d’images sur les plateformes de diffusion comme YouTube, de plus en plus souvent utilisées dans le cadre de conflits sociaux. Ce texte forme l’hypothèse que les acteurs des mouvements sociaux participent à l’élaboration d’une production vidéo collective, dans un mouvement d’amplification visuelle dont le sens est aussi bien d’infléchir l’issue d’un événement en cours que d’en produire une image possible. Sans relever d’une création collective à proprement parler, la matière ainsi produite alimente des processus créatifs et nourrit des projets de films portés par des cinéastes qui entendent donner un nouvel écho à ces actes d’enregistrement de l’espace politique, qui relèvent à la fois de la documentation et de la contestation.