Matière, esprit et mémoire. Une anthropologie du vivant au prisme des pierres
Résumé
L’article analyse la matière dans la culture japonaise en se concentrant sur le statut particulier qu’elle confère aux pierres, tant pour leur participation à une conception visuelle que pour leur fonction métaphorique, spirituelle et phénoménologique. Au Japon, les pierres permettent d’interroger la présence et l’absence de la matière : dans les jardins zen où elles y sont placées pour être contemplées, dans l’art minimaliste du mouvement artistique Mono-ha des années 70, où certains artistes comme Suga Kishio et Lee U-Fan les utilisent brutes telles des ready-mades re-sensibilisés, en les collectant et les mettant en scène, jusque dans les vidéos contemporaines de Shitamichi Motoyuki qui les soumet à des expérimentations scientifiques. Ces différentes relations avec la pierre dans l’art montrent que cette matière est vivante, symbole d’une mémoire empreinte d’énergie ; une philosophie de la matière qui trouve résonance notamment dans les théories développées par le courant philosophique des nouveaux matérialismes.