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Le Mandala et ses figures dans la modernité artistique
Journée d'Etude du CEAC organisée par Anne Boissière et Bruno Traversi

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     La revue électronique déméter publie les actes des journées d'étude consacrées à la place des figures du mandala et du cercle dans la modernité artistique. Dans le bouddhisme, mandala, dans son sens le plus fondamental, désigne toute réalité manifestée. Terme sanskrit, mandala se compose de deux parties, de manda signifiant « essence », et de la signifiant « ce qui possède », mandala se traduisant ainsi par « ce qui possède l’essence ». Si toute entité est bien dotée de cette essence, la doctrine du bouddhisme ésotérique distingue néanmoins le Mandala de nature propre, c’est-à-dire le mandala en soi, du mandala manifesté qui en est une expression particulière. Toutefois cette distinction entre l’essence et le manifesté est qualifiée elle-même d’illusoire. En fabriquant ou en contemplant un mandala, l’adepte vise à réaliser (« prendre conscience de ») l’identité de sa propre nature manifestée avec le Mandala de nature propre. Cette prise de conscience s’opère par un mouvement de centration – ce qui fait de la figure du cercle, le mandala le plus simple et le plus accompli. « Forme(s) spontanée(s) surgie(s) des plus profondes couches de l’esprit humain. »1, le mandala n’a ainsi de réalité que dans le mouvement intime dont il procède chez celui qui l’effectue, mouvement qui opère aussi chez le contemplant.

     Le mandala a aussi ses figures hors du champ bouddhique. Selon Carl Gustav Jung, des diagrammes circulaires semblables aux mandalas se retrouvent dans l’art sacré des Indiens Navajos du Nouveau-Mexique par exemple
2. Par ailleurs Jung qualifie certaines des productions siennes et de ses patients, de « mandalas européens ». Jung voit dans le motif de base du mandala « l’intuition d’un centre de la personnalité, pour ainsi dire d’un point central à l’intérieur de l’âme, à quoi tout se rapporte, par lequel tout est ordonné, et qui représente en même temps une source d’énergie »3. Le mandala s’exprime ainsi dans le trait de la main, mais aussi dans le geste dansé libre du corps, de telle manière que le déploiement spatial de son graphisme rende compte de la structure et du dynamisme vital de la psyché.
     Dans la modernité artistique, le mandala est également présent, dans la peinture, ou encore dans la danse. La présence des figures du mandala soulève alors des questions d’ordre esthétique : qu’est-ce qui rend possible, au XXe siècle, l’introduction du mandala et de ses figures ? En quoi, en retour, une réflexion sur le mandala permet-elle de problématiser certains aspects historiques de l’art de notre époque ? On s’interrogera sur la nature d’un acte qui, pour être spontané, n’en est pas pour autant gratuit mais exprime un ordre, interne mais aussi gestuel. Principe de centration, le mandala abandonne la logique de la représentation, et se définit par son activité, par un régime qui est expressif et opératoire : il agit. Mais comment définir cette action, en des termes artistiques, et pas seulement magiques ou rituels ? Peut-on, par ailleurs, problématiser cette centration indépendamment de l’hypothèse d’un Soi, telle qu’elle se rattache à la conception jungienne de l’inconscient ?

     Afin de traiter le sujet le plus complètement possible, les contributions relèvent de l'approche artistique dans une perspective plurielle : historique, philosophique, anthropologique, psychanalytique.
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1 Selon Lama Govinda, le tracé des mandala, dans leur configuration géométrique, n’a rien d’arbitraire. La Roue du temps, Actes Sud, 1995, p. 18.
2
C.G. Jung, « À propos de la symbolique des mandalas », Psychologie et orientalisme, Albin Michel, Paris, 1985, p.94.
3
Ibid., p.69.