Aller à la navigation | Aller au contenu

déméter
Description de votre site

OOZ

Gilles Froger

OOZ

Texte intégral

Lieu : Galerie Commune, Pôle Arts Plastiques, Tourcoing

Dates : du 28 mars au 12 avril 2013

Commissariat : Gilles Froger

Elsa Califano, Elodie Cazorla, Fanny Chica, Rémi Couvreur, Clément Devendeville, Kim Doan Quoc, Julia Dubois, Pierre Dupont, Caroline Ebin, David Faltot, Site Fu, Elise Gauthier, Nisi Ha, Shafei Han, Lucas Hauchard, Caroline Hofman, Jincui  Huang, Mohamed Marouf, Jeanne Smith-Dancoisne, Kun Tang, Amandine Valay, Méline Vanhee et le collectif Emmy, Thomas, mariOn, Vincent réuni dans le fanzine Animal

Cette exposition, organisée dans la galerie Commune du Pôle Arts Pastiques de Tourcoing, a rassemblé des travaux d’étudiants de l’ESA et du Département Arts Plastiques conçus comme autant de réactions au statut de l’animal, à son état, à son infinie et périlleuse diversité, aux mondes imaginaires dans lesquels il figure. C’est ainsi que les délicates peaux de renard en verre de Fanny Chica (Renards écrasés) évoquent la fragilité du monde animal qui nous entoure et la cruelle métamorphose du vivant en objets d’apparat de toute sorte.

C’est la mort de l’animal que nous représente également Site Fu (Sans titre) en exposant, triste trophée, le corps peint d’un ours écartelé. A ce sombre tableau répond la blancheur velue d’un loup de fantaisie : Caroline Ebin (Loup y es-tu ?) nous renvoie en effet à notre enfance peuplée de contes où les monstres dévoreurs de petits chevreaux se retrouvent, par bonheur, devoir digérer des pierres jusqu’à en vouloir devenir végétariens.

La littérature, d’ailleurs, n’est jamais bien loin et l’on peut s’interroger sur ce que peut bien nous apprendre la rencontre, organisée par Elsa Califano, d’une chouette, depuis toujours réputée sage, et d’un rusé renard (Fable). C’est ce même animal que l’on retrouve, d’ailleurs, évoquant le plus prosaïquement du monde, dans une série photographique, la vie d’artiste (24 heures de la vie d’un renard. Autoportrait).

Puis, c’est un vol d’oiseaux migrateurs figurés par de simples points tournoyants que Jincui Huang (Circulation) projette au-dessus du toit de sa maison natale, métonymiquement réduite à l’état de maquette.

Mais la chair de l’animal n’aura pas été que représentée dans cette exposition : elle aura été montrée dans toute sa crudité, comme en témoigne ce cœur de bœuf branché sur un écran nous révélant un électrocardiogramme plat (Caroline Ebin, Sans titre).

Egalement, plusieurs performances et installations auront fait appel à l’ingurgitation de diverses nourritures, dont notamment un processus singulier de friture d’œufs initialement congelés proposé par David Faltot (Jour de ponte). De même, Clément Devendeville se sera efforcé d’entrer nu dans la peau du sanglier (Singularis) avant d’offrir à chacun des hosties de saucisson, tandis que Shafei Han nous aura, elle aussi, rappelé notre appartenance au cycle du vivant en mâchant de la farine qui, cuite, s’offrait aux invités sous forme de – délicieux ? – biscuits.

Parmi les vidéos conçues et diffusées à cette occasion, notons la légende chinoise, légère leçon de vie ou de politique délicatement mise en scène et lue par Nisi Ha, relatant la capture sans autres armes que ruse et patience de sangliers sauvages par un chasseur habile (Le Stratagème de l’enclos). Plus cru, difficile même à entendre de nos jours, insupportable peut-être, le rire d’Aristophane retentit quant à lui dans un extrait des Acharniens interprété par des marionnettes réalisées, animées et filmées par un groupe d’étudiants de l’école d’art (Les Fillettes de Mégare).

Enfin, de nombreux dessins, peintures et publications témoignent d’approches sensibles, parfois d’ailleurs très personnelles, des mondes animaux et d’un indéniable vertige face à une altérité rêvée, jalousée - la présence répétée des représentations ou des évocations d’oiseaux en est un indice particulièrement frappant - ou nous renvoyant lucidement à notre état carnivore.

Gilles Froger

Publié en Avril 2016

Pour citer ce document

Gilles Froger, «OOZ», déméter [En ligne], Textes, Actes, Journées d'étude, La Chair de l'animal, Expositions, OOZ, mis à jour le : 06/04/2016, URL : http://demeter.revue.univ-lille3.fr/lodel9/index.php?id=561.