La musique comme esthétique de l’existence. Gérard Pesson, écriture et désécriture de soi

Classé dans : Été 2021 Mots clés : aucun

Résumé

Cet article propose d’interroger l’esthétique musicale du compositeur français Gérard Pesson (né en 1958) à la lumière de l’« herméneutique du sujet » entreprise par Michel Foucault dans les dernières années de sa vie, et plus précisément ce qu’il a nommé l’« écriture de soi », dont une forme insigne, liée à l’« exercice de soi » dans la pratique de la mémoire, est celle des « hupomnêmata ». La problématique du « souci de soi » permet ainsi d’éclairer comment la pratique, chez Gérard Pesson, de l’écriture d’un journal, révèle l’écriture musicale elle-même comme une forme d’écriture de soi, dont le nom propre est « désécriture ». Cette esthétique musicale de la soustraction et de l’effacement, qui conçoit la composition comme l’« écoute d’une écoute », et dont cet article propose plusieurs exemples, constitue en elle-même une « archéologie » du sujet. La désécriture de la musique apparaît ainsi comme une désécriture de soi, un travail qui consiste à jouer avec les effets de pétrification de l’expérience et de la mémoire – personnelle comme musicale – en poncif. L’activité de « déprise » (Barthes), appliquée à la langue musicale comme au sujet de cette langue, permet de désigner cet exercice de soi comme une relation critique à la composition musicale elle-même, qui introduit un différer à l’intérieur même de l’activité créatrice. Apparaît dès lors comme une véritable discipline de soi l’exercice de se dire et se vivre tout le temps en retard.

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