DEMéter : Revue électronique du
Centre d'Etude des Arts Contemporains
de l’Université de Lille-3

ISSN : 1638-556X

DEMéter (Villeneuve d'Ascq)

 

Dir. Vincent Tiffon

  

L'espace en mouvement - à la jonction des arts  :

     L’évolution de l’art tout au long du XXe siècle, avec l’accent mis sur la performance, sur le geste, sur la scénographie muséale, atteste que l’espace est devenu une des données essentielles de toute réflexion esthétique. L’espace ne peut plus être pensé à partir de la traditionnelle opposition entre les arts du temps et les arts de l’espace, mais il devient au contraire ce à partir de quoi on peut penser la manière dont les arts se transforment, s’altèrent, ou résistent au contact les uns des autres. L’espace en mouvement peut être celui des corps, comme dans les arts vivants de la scène, mais il se trouve logé aussi dans les dispositifs les plus techniques de l’image cinématographique ou virtuelle, ou encore de la musique électro-acoustique. Le mouvement, qui forme la spatialité artistique, n’a donc pas pour seul modèle la vie biologique, mais intègre paradoxalement le mécanique, l’immobile, jusque dans la spatialité des dispositifs d’expérimentation et de réception qui constituent le versant architectural de toute expérience esthétique. On propose d’interroger la spatialité artistique à partir de la jonction devenue mouvante des différents arts, et à l’inverse de reprendre la problématique de la différence des arts à partir des modalités déterminées et concrètes de la spatialité des dispositifs et des œuvres, dans une perspective qui nous amènera à réfléchir aux rapports entre musique et architecture, ou cinéma et sculpture, ou encore peinture, danse, musique…

[Actes du séminaire " L'espace en mouvement - à la jonction des arts " coordonnés par Anne Boissière et Nathalie Poisson-Cogez]





Cédric Carré - Peintures / Perspicere : Traverser le paysage  

par Nathalie POISSON-COGEZ,  

Docteur en Histoire de l'art contemporain


Résumé :

     Au cours de l’histoire de l’art, le genre du paysage s’est développé suivant de multiples acceptions : paysage topographique, classique, historique, pittoresque, naturaliste... De l’hortus conclusus au panorama, le cadre borne un espace capturé par la vision subjective du peintre. Conditionnée par le point de vue, la mise en perspective exige l’immobilité du regard. Or, depuis plus d’un siècle, le développement des moyens de transport et l’urbanisation galopante ont radicalement bouleversé la perception du paysage. L’espace naturel propice à la flânerie est contaminé par l’espace urbain qui se parcourt désormais à grande vitesse. En peinture, le travail en série - induisant la temporalité - semble résoudre le problème de la représentation de l’« espace en mouvement ». Cependant, le spectateur demeure confronté à l’étendue, celle du tableau. Dès lors, comment pénétrer la surface de la toile pour s’enfoncer dans la profondeur même du paysage; afin de – indubitablement - le traverser ?

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Espace et lieu dans le cinéma d'Antonioni  

par Sandro BERNARDI,  

Professeur d'Histoire du cinéma à l'Université de Florence



Résumé :

      L’auteur propose une réflexion sur la différence entre la représentation de l’espace du cinéma narratif classique, et celle du cinéma moderne. A partir des idées des premiers théoriciens, comme Benjamin et Balázs, sur la puissance subversive du cinéma, il montre comment cette puissance a été apprivoisée par le cinéma hollywoodien, qui place le spectateur au centre de la représentation. Cette position du spectateur est la même que celle à laquelle se trouvait l’observateur du tableau de la peinture du Quattrocento, ainsi que le spectateur du théâtre à l’italienne, inventé par Bernardo Buontalenti et Giorgio Vasari. Cette place privilégiée offre une réponse à toutes les questions posées par le film. Contre ce modèle, Antonioni cherche à récupérer le mystère des images du cinéma des origines, surtout celui de Lumière, et développe une écriture moderne, ouverte, incertaine, dans laquelle le spectateur ne se trouve plus au centre, mais à la périphérie de l’histoire racontée. Dès lors, il n’est plus en capacité de comprendre tout ce qui se passe, ni d’appréhender le temps et l’espace tels qu’ils sont filmés. Il s’en suit que dans le cinéma d’Antonioni les images posent plus de questions qu’elles ne donnent de réponses : Où nous trouvons-nous ? Qui sont ces individus que nous voyons ? Qui sommes nous nous-mêmes ? Au final, les questions posées par les images sont plus importantes que les réponses qui en découlent, elles engagent toujours l’identité culturelle du spectateur et sa position dans le monde.

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Paysage en images - Urbanité en questions 

par Jennifer BUYCK,  

Architecte et Docteur en Esthétique


Résumé :

      En 1854 le peintre Gustave Courbet fut accueilli en résidence à Montpellier. Durant ce séjour méditerranéen, il réalisa plusieurs peintures de paysage. Elles sont le témoignage d’une ruralité révolue, assujettie par une métropole en mouvement, diffuse, disjointe et hétérogène. En 2008, j’ai arpenté les abords montpelliérains pour photographier les points de vue peints par Courbet. Et, l’année suivante, j’ai entraîné un groupe d’étudiants en architecture dans une recherche exploratoire afin d'esquisser le futur de ces mêmes points de vue. Ce travail, qui donnera lieu à une exposition en 2010, interroge le statut du paysage dans le temps. Alors que les villes modernes ont considéré les espaces ouverts les entourant comme des réserves foncières ou, a contrario, comme des réserves naturelles à protéger, une nouvelle attitude semble aujourd’hui se dessiner. Cette dernière définit un nouvel imaginaire urbain contemporain qui s’appuie sur une ruralité réinventée.

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