DEMéter :
Revue
électronique du
Centre
d'Etude des Arts Contemporains
de l’Université de
Lille-3
ISSN : 1638-556X
DEMéter (Villeneuve d'Ascq)
Dir. Vincent Tiffon
Analyses
d’oeuvres
[Vincent
Tiffon, coordinateur
de la thématique « analyse d’œuvres »]
Analyse comparée des Trois rêves d’oiseau de François Bayle |
par Pierre COUPRIE, |
Compositeur, musicien et doctorant à l’Université de Paris IV-Sorbonne |
Résumé : |
     Cet article analyse les trois pièces de François Bayle sous l’angle du matériau, des morphologies, des formes et de la représentation graphique. Le matériau est observé à travers l’image de l’oiseau et les éléments d’articulation. L’analyse des morphologies pose le problème de la segmentation, de la classification des sons et de l’analyse des différentes classes ou familles de son. Les formes des trois pièces sont étudiées comparativement. Enfin une dernière partie présente les options choisies pour la représentation graphique complète réalisée sur l’Acousmographe. Cette représentation est disponible dans sa totalité en annexe de l’article [en cliquant sur les mots bleus et soulignés, les exemples visuels et sonores apparaissent dans une nouvelle fenêtre – NDLR].
Vers un modèle d’analyse fonctionnelle en danse : Rosas danst Rosas d’Anne Teresa de Keersmaeker |
par Philippe GUISGAND, |
Danseur et chorégraphe du dispositif Version bleue, enseignant en danse contemporaine à l’Université de Lille 2 |
Résumé : |
     L’utilisation métaphorique du langage est particulièrement sensible dans les productions écrites qui traitent de danse. Les éléments de compréhension du travail sur le médium – corps sont rarement livrés dans la littérature consacrée aux chorégraphes et à leurs œuvres. Le discours descriptif relatif au corps dansant se révèle rare, épars, fragmentaire et sans cadre sous-jacent. C’est pourquoi nous proposons un outil de lecture du corps basé sur un point de vue fonctionnel : appui, rythme, plasticité et distribution permettent d’expliciter la construction du mouvement. L’analyse de Rosas danst Rosas nous permet de montrer en quoi un déplacement du discours vers l’architecture de la danse peut contribuer à éclairer les soubassements corporels d’un style chorégraphique. Cette approche constitue un complément analytique à la lecture métaphorique du mouvement, telle qu’on la trouve dans la littérature consacrée à la danse.
Télécharger l’article au format PDF (258 Ko) Le texte contient 3 extraits vidéo de Rosas danst Rosas d’Anne Teresa de Keersmaeker |
Une analyse d’Amers de Kaija Saariaho |
par Grégoire LORIEUX, |
Compositeur et assistant pédagogique à l’Ircam |
Résumé : |
     Amers (1992), « concerto » pour violoncelle, ensemble et électronique de Kaija Saariaho, reprend des principes spectraux chers à la compositrice. Parmi eux, l'utilisation polaire d'un geste-son, un trille vertical du violoncelle sur mi bémol 1, qui est à l'origine de la construction de l'évolution harmonique-timbrale et formelle de la pièce : des principes d'écriture dérivés du trille régissent ainsi l'oeuvre, de sa globalité jusqu'à ses moindres détails.
D’une
expérience en écoute de phoné et logos. |
par Agostino Di SCIPIO, |
Compositeur et musicologue |
Résumé : |
     Dans cet
essai, je soutiens que Thema (Hommage à Joyce)
pour bande magnétique, œuvre composée en 1958
dans le Studio de Phonologie de la RAI à Milan, doit être
écoutée et expliquée en tant qu’« expérience
génératrice » au regard des grandes
lignes de pensée compositionnelle de Luciano Berio et, en
particulier, au regard de la place centrale dévolue à
la voix et au langage dans ses oeuvres suivantes. Qu’une
telle expérience soit née à travers une
confrontation intense des moyens de production technologiques
atteste également ou de la singularité de
l’œuvre. En effet, Thema est un classique de la
« tradition électroacoustique ».
Il faut comprendre quels genres de lien existent entre ce type de travail
sur le son (ou sur le texte), et des concepts modèles mis
en évidence dans certains témoignages du compositeur
(en particulier celui d’onomatopée). Sur une
telle base analytique, cet essai décrit le rapport
son-texte en tant que spéculation du rapport texte-musique
que nous trouvons dans l’œuvre de Joyce. Le langage de
Joyce est la sirène qui suscite la curiosité
et la ruse de Berio : le compositeur s’approche du
langage de l’écrivain jusqu’à se
l’approprier, le faire sien, tout en gardant des distances,
en évitant de s’y abandonner totalement. Berio refait
Joyce. Thema devient une “chambre d’écho”
du fragment d’Ulysse (non seulement au niveau
de la construction des sons, mais aussi au niveau de la forme tout
entière). L’écoute particulière de
Berio à l’égard du langage de Joyce est
comparable à certaines indications provenant de la critique
et des exégèses littéraires, et à
l’«écoute intérieure » et à
l’oreille de Leopold Bloom, l’Ulysse moderne de Joyce.
Si l’on mène la réflexion jusqu’aux
conséquences extrêmes, on peut affirmer que Berio
est Bloom.
Cette étude
se termine par quelques remarques sur la position de Berio
vis-à-vis de Joyce (position qui a mûri avec la
collaboration d’Umberto Eco) dans le contexte plus large de
la critique littéraire, ou mieux dans le contexte des
« études joyciennes ». L’essai,
en outre, établit plusieurs fois un rapport entre la
phonologie de Berio, en suivant Joyce, et la réflexion sur
le « logo centrisme » de la tradition de la
pensée occidentale, caractéristique de certains
écrits de Jacques Derrida (surtout La Voix et le
phénomène).
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